En contradiction avec l’accord de gouvernement, la Belgique vote une fois de plus, à l’ONU, contre le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires.

L’accord gouvernemental signé le 30 septembre 2020 est favorable au désarmement nucléaire et évoque explicitement le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Le gouvernement s’y engage en effet à examiner comment le « Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires peut donner un nouvel élan au désarmement nucléaire multilatéral ». Ce Traité historique entrera en vigueur le 22 janvier 2021. A cette date, les armes nucléaires deviendront illégales en droit international.

D’après le sondage du 02 décembre dernier réalisé par YouGov à la demande d’ICAN et de la Coalition belge contre les armes nucléaires, 77 % de la population belge se prononce pour la signature du TIAN par la Belgique. Pourtant, ce lundi 7 décembre, la représentation belge à l’ONU votait à nouveau contre une Résolution qui encourageait humblement les Etats qui ne l’auraient pas encore fait, à signer le Traité.

La Coalition avait récemment adressé une lettre ouverte à la Ministre des Affaires Étrangères Sophie Wilmès. Dans ce courrier, nous lui suggérions d’opter pour l’abstention, à défaut d’un vote positif. Cette abstention aurait été l’occasion pour la Belgique de se conformer à l’accord de gouvernement et de lui donner une réelle possibilité d’examiner le « nouvel élan » apporté par le Traité.

Afin de justifier ce nouveau vote négatif, le communiqué des Affaires étrangères propose des arguments vides de sens. Il importe ainsi de noter que le Traité d’interdiction est au moins aussi fort, et dans certains domaines encore plus fort, que le Traité de non-prolifération (TNP) en ce qui concerne les mécanismes de vérification. Il faut également rappeler que le TIAN complète et met en œuvre l’article 6 du TNP[1]. Un article qui fait donc partie des engagements que la Belgique a pris il y a plus de 50 ans, lors de sa signature du TNP. L’argumentaire des Affaires étrangères qui prétend que les deux traités sont mutuellement exclusifs est mensonger.

Soulignons dans ce sens que si 122 pays ont adopté le Traité d’interdiction en 2017, c’est justement parce que les États dotés d’armes nucléaires ont refusé de prendre des mesures concrètes en faveur du désarmement, malgré les engagements qui les y contraignent au regard du TNP. Contrairement à ce que prétend la Ministre Wilmès, le Traité d’interdiction est manifestement le seul outil adéquat qui nous permette d’envisager un monde sans armes nucléaires. Un Traité qui est porté par l’ensemble de la communauté internationale, à l’exception notable des puissances nucléaires et des membres de l’OTAN.

Notre pays ne doit pas manquer ce rendez-vous avec l’histoire. Notre gouvernement doit se conformer à son accord de coalition et rejoindre cette dynamique internationale essentielle pour l’avenir de notre planète et non de continuer à s’accrocher à des doctrines nucléaires dépassées et dangereuses. Des doctrines qui ont finalement pour horizon, la fin la plus absurde, immédiate et définitive de l’aventure humaine.

La coalition belge contre les armes nucléaires, partenaire d’ICAN, est une plateforme de plus de 50 organisations parmi lesquelles Pax Christi Vlaanderen, Vrede vzw, la CNAPD, Agir pour la paix, la CSC, la FGTB, 11.11.11, Intal, CSO, MCP, LEF, etc. (voir : www.nonukes.be)

 

[1] « Chacune des Parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace. »

En contradiction avec l’accord de gouvernement, la Belgique vote une fois de plus, à l’ONU, contre le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires.
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