Bolivie : Appel pour la paix et la démocratie

(english below)

Les signataires de la déclaration ci-dessous dénoncent le coup d’État qui a eu lieu en Bolivie le 10 novembre 2019 et demandent l’envoi d’une délégation d’observateurs de l’Union européenne et de l’ONU à l’occasion des prochaines élections du 3 mai 2020 et d’un éventuel second tour en juin.

Bien que le coup d’État soit contesté sous certains aspects, il est extrêmement important de présenter et de définir correctement les faits. Tout d’abord, le président Evo Morales Ayma a remporté les élections à la majorité absolue en octobre 2014, son mandat se prolongeant jusqu’au 22 janvier 2020. Personne n’a remis en cause cette victoire électorale en 2014. Deuxièmement, les élections du 20 octobre 2019, remportées haut-la-main par le MAS, ont été suivies par un coup d’État militaire criminel. Lorsque, le 10 novembre 2019, les hauts dirigeants de l’armée ont « conseillé » à Evo Morales de démissionner, les forces de sécurité ont empêché le Parlement bolivien de se réunir. Les député.e.s du MAS, ainsi que la présidente du Sénat, Adriana Salvatierra, se sont vu refuser l’accès au bâtiment, de sorte qu’il a été impossible pour le Parlement d’accepter ou rejeter la démission du président Morales. Faute de pouvoir réunir le quorum nécessaire au Parlement, c’est la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Áñez Chávez, qui s’est autoproclamée présidente par intérim. Troisièmement, après la prise de pouvoir illégale par l’actuel gouvernement de facto, toute protestation a été brutalement réprimée. La Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a condamné l’extrême violence exercée contre les manifestants et, dans son enquête, évoqué à plusieurs reprises des massacres de civils. La plupart des sources parlent de 36 morts et de plus de 800 blessés.

Il faut également souligner que Morales a accepté les demandes de l’opposition et de l’OEA et appelé à de nouvelles élections avec un nouveau tribunal électoral, juste pour éviter des conflits extrêmes. Cependant, cette proposition de pacification a été rejetée par les principales figures de l’opposition, ce qui a donné lieu par la suite à des protestations de masse, aux conséquences dramatiques que l’on connaît.

Les politiques du gouvernement de transition Áñez nous donnent peu d’espoir de voir des élections justes et transparentes. La liberté de la presse a été gravement mise à mal après l’expulsion d’un contingent de journalistes argentins du pays, l’interdiction de diffusion de dizaines de radios rurales et l’arrestation de cybermilitants pour avoir tenu des propos incendiaires sur les réseaux sociaux. La nouvelle ministre des Communications, Roxana Lizárraga, a récemment déclaré que « la liberté d’expression a des limites » et que le gouvernement interviendra s’il estime que ces limites sont dépassées. Une fois encore, le CIDH a tiré la sonnette d’alarme.

La chasse aux sorcières contre les anciens ministres, mandataires et fonctionnaires du MAS pèse lourdement aussi sur l’équité, la transparence et la démocratie du processus électoral. De nombreux dirigeants ont demandé la protection ou l’asile à l’étranger ou dans des ambassades étrangères à La Paz. Les heurts diplomatiques avec le Mexique, l’Argentine et l’Espagne, qu’ils aient ou non octroyé la protection ou l’asile politique, nous semblent inquiétants.

Nous condamnons la persécution des organisations politiques, sociales, indigènes et paysannes, ainsi que de toute initiative qui réclame justice et démocratie. Nous sommes également préoccupés par les déclarations racistes et sexistes de plusieurs ministres et dénonçons les menaces dont font l’objet les journalistes et les médias.

Le coup d’État en Bolivie a sérieusement entaché la démocratie bolivienne et latino-américaine. De nouvelles élections pourraient contribuer à rétablir la situation, mais cela ne sera possible que si toutes les garanties sont données pour qu’elles puissent se dérouler de manière libre, équitable et transparente. Tous les partis politiques devraient pouvoir participer sans discrimination, y compris les candidat.e.s du MAS.

C’est pourquoi nous voulons plaider en faveur d’une délégation d’observateurs de l’Europe et des Nations unies et de représentants de divers autres pays et de l’Église afin de garantir des élections libres et transparentes, dont les résultats seront respectés. Il va sans dire que la neutralité politique et la non-ingérence sont des principes essentiels que ces délégations doivent respecter. L’envoi d’une telle délégation doit être l’expression concrète de l’engagement de la communauté internationale à promouvoir la transparence et la participation civique. Nous appelons la communauté internationale à agir maintenant.

Si vous souhaitez signer cet appel, veuillez retourner ce courriel en indiquant vos noms, prénoms et association (ou « fonction ») à solidaritebolivie@gmail.om.

Signataires :

intal Globalize Solidarity

Cubanismo.be

fos

Grupo belga Solidair met Guatemala

Red europea de Comités Oscar Romero

Raf Custers

 

Bolivie : Appel pour la paix et la démocratie

4 commentaires sur “Bolivie : Appel pour la paix et la démocratie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Retour en haut