Le virus de la corruption en Colombie

La pandémie actuelle a conduit à l’isolement social et à la quarantaine de millions de personnes dans le monde, ce qui a aggravé la situation économique des couches les plus vulnérables de la société. Dans le cas de la Colombie, le gouvernement avec président Ivan Duque à sa tête, a mis en place un programme d’aide économique visant à soutenir les ménages pauvres et vulnérables confrontés à des difficultés dues à la pandémie du coronavirus COVID-19. Le programme d’aide du gouvernement appelé « Revenu solidaire » a été créé pour verser 160 000 pesos (37 euros) aux personnes les plus vulnérables du pays, bénéficiant ainsi à plus de 3 millions de Colombiens au milieu de l’urgence sanitaire du coronavirus.

Au cours des dernières semaines, un certain nombre d’irrégularités ont été constatées, mettant en doute la crédibilité, la fonctionnalité et les véritables bénéficiaires de ces aides économiques. Sur le site web du Département National de Planification du gouvernement colombien, il y avait l’option de consulter avec le numéro de la carte d’identité, si une personne faisait partie des trois millions de bénéficiaires prévus par le programme. Maisplusieurs citoyens ont remarqué que la plateforme reconnaissait des bénéficiaires qui étaient déjà décédés ou des numéros des cartes d’identité qui n’existent pas telles que ‘123456’, ‘111111’, 222222’ et bien d’autres. Quelques minutes après que ces plaintes aient été rendues publiques dans les réseaux sociaux, le site web du Département National de la Planification (DNP) ne permettait plus de rechercher des bénéficiaires.

Les entités gouvernementales ont tenté de clarifier les polémiques en disant qu’il y avait des anomalies dans le moteur de recherche qui envoie les résultats de la base de données. Le Président Ivan Duque a assuré que l’initiative sociale n’avait pas fait des transferts d’argent de façon irrégulier, en assurant que le programme « Revenu solidaire » n’avait que moins de 1% d’incohérences. Le Registre national a rapporté qu’environ 17 000 bulletins présentaient des incohérences, bien que le nombre puisse être beaucoup plus élevé, il a également déclaré que l’apparition des numéros d’allumage anormaux était « une erreur technique de l’application ». Cette situation remet en cause le programme et la transparence de sa gestion, ainsi que le problème de l’existence de fausses identités et de l’utilisation de documents de décès pour d’autres fins. Il n’est pas encore clair à qui favorise ces aides, et pourquoi ces documents sont dans le registre national.

Le scandale généré peut prendre une dimension énorme en raison de différents facteurs.

Tout d’abord, le programme s’adresse à 3 millions de Colombiens et des ressources ont été dégagées pour 1,2 million de personnes avant l’apparition des incohérences, soit 200 milliards sur les 500 milliards de pesos du coût total du programme « Revenu solidaire ». Le président Duque n’a pas écarté certaines erreurs et a assuré que « le décret qui a autorisé ces aides stipulait que ceux qui ne devaient pas recevoir cet argent et qui l’ont reçu ont l’obligation de les rembourser », en raison du fait que des personnes qui ont reçu l’argent ne faisaient pas partie de la population vulnérable. Cette situation rappelle le cas d’Agro Ingreso Seguro (AIS), où des personnes à fort pouvoir d’achat ont reçu des aides financières qui étaient destinées pour les petits agriculteurs pendant le mandat d’Alvaro Uribe (2002-2010).

Deuxièmement, et peut-être plus effrayant, les dénonciations de certains milieux politiques et citoyens concernant l’utilisation de fausses cartes d’identité de personnes inexistantes ou mortes et la supplantation d’identités pour les élections. L’utilisation de cartes d’identité de personnes tuées lors des élections est une pratique qui a été dénoncée à de nombreuses reprises et comme le démontrent différents médias, il existe des secousses de personnes mortes habilitées à voter qui ont très probablement été utilisées par des groupes sans scrupules pour favoriser les élections des candidats et/ou des partis politiques dans le pays. Cette polémique s’ajoute aux différentes accusations et dénonciations concernant la fraude électorale du président Ivan Duque.

Article de Daniel Leguizamon Alejo.

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