Dossier de campagne : Huile de palme fait tache

L’huile de palme est l’huile végétale aujourd’hui la plus produite et consommée au monde. On prévoyait pour 2019 une production de 72millions de tonnes (1). Environ 19 millions d’hectares. Elle est présente dans de nombreux produits, sans que nous les sachions nécessairement, tels que ; l’alimentation, les cosmétiques, certains médicaments, les produits de nettoyage et depuis peu de temps dans la production de l’agro carburant.

La demande européenne en huile de palme est très importante (6,5 millions de tonnes en 2016), ce qui en fait le deuxième importateur mondial et le troisième consommateur mondial (derrière l’Indonésie et l’Inde).

La Belgique joue également un rôle important dans le commerce de l’huile de palme. Elle est le cinquième pays importateur européen, et le deuxième importateur par habitant (derrière les Pays-Bas) ce qui fait d’elle le deuxième plus grand consommateur au niveau européen 2. Le Belge consomme en moyenne 40 kg d’huile de palme par an 3.

1. Les accords de libre-échange et les monocultures : instrument du néocolonialisme ?

La croissance de la demande en huile de palme est due, en partie, au fait que les multinationales agroalimentaires, les chaînes de restaurants et les supermarchés dans le sud commencent à s’implanter d’une manière très rapide, ce qui augmente la consommation d’aliments transformés et donc une augmentation de la consommation des graisses. On estime qu’un aliment sur deux dans les supermarchés contient de l’huile de palme.

L’augmentation de la consommation de l’huile de palme est également générée par les politiques de l’Union Européenne qui encourage la consommation d’agro-carburants afin de répondre aux objectifs climatiques des pays européens : les agro-carburants sont présentés aux citoyens comme source « d’énergie renouvelable ».

Les accords de libre-échange et le développement des différentes monocultures développent une économie colonisatrice qui met au-dessus les intérêts des grands capitaux financiers qui, pour obtenir le maximum du profit soumettent les pays du sud a développer une économie de sous-traitance qui ne protège pas l’environnement, les conditions des travail, la souveraineté alimentaire et met en péril la santé des populations, génère des expropriations de terres où, le plus souvent, vivent des communautés indigènes, paysannes… qui jadis vivaient avec une agriculture d’autosuffisance et autonome. Ainsi, par exemple, en Inde au début des années 90 le gouvernement a eu recours à des restrictions sur les importations et à des programmes gouvernementaux pour maintenir l’autosuffisance nationale en matière de production d’huile végétale.

La transformation locale des huiles a aussi permis la création de milliers d’emploi dans ce pays, « cependant en 1994, sous la pression de la banque mondiale et dans le cadre de ses obligations vis-à-vis de l’OMC, l’Inde a commencé à supprimer les restrictions sur les importations d’huile végétale. Les pays ont été immédiatement submergés par l’huile de palme importée tandis que la production des oléagineux traditionnelle a fondu et aujourd’hui, c’est le plus grand importateur d’huile de palme dans le monde » 4.

En Afrique, la production et la transformation se faisaient surtout à petite échelle entre les mains de paysans, surtout des femmes. Cette situation commence à changer radicalement, car il y existe aujourd’hui de grandes difficultés à acheter des terres en Indonésie et Malaisie, qui sont déjà envahies par les cultures d’huile de palme. C’est pour cette raison que maintenant ces entreprises se tournent vers l’Afrique comme le nouvel eldorado à conquérir pour produire une huile de palme bon marché destinée à l’exportation. Cette production est financée en partie par la Banque mondiale à travers de la corporation financière internationale.

La situation dans ce continent ne se résume pas à un problème foncier il s’agit d’une lutte plus globale qui porte sur le système alimentaire et le modèle de développement.

En Colombie les accords de libre-échange ont favorisé l’importation des semences et des pesticides et également l’importation des produits agricoles bon marché, ce qui a ruiné les paysans, car ceux-ci ne pouvaient pas concurrencer face aux prix imposés par les pays avec qui les traités ont été signés.
Le comble de cette situation c’est que les paysans se voient obligés d’abandonner leurs traditions agricoles et sont obligés d’acheter des semences telle que MONSANTO, BAYER, semences qui sont génétiquement modifiées et qui ne peuvent être utilisées que pour une seule récolte, cela engendre donc la disparition des semences naturelles.

A tout ceci s’ajoute l’absence totale de subsides et d’aides de l’État. Cette situation pousse les paysans ruinés à se détourner vers les cultures illicites telles que la feuille de coca et le cannabis comme seule alternative de subsistance. « Dans ce contexte, la palme à l’huile est présentée comme une culture rentable, compétitive et qui permet de remplacer les cultures illicites (USAID) L’Agence des États-Unis pour le développement International » 5

Des agences internationales telle que l’USAID et la Banque mondiale avec leur « plan Colombie » qui se présentait comme un plan de lutte contre la drogue s’est avérée être un plan expansionniste qui par après a continué dans toute l’Amérique latine.

Les « laboratoires de paix » proposés par l’Union Européenne, se présentaient comme une aide financière pour contribuer à la paix dans le pays et apporter une aide dans la coopération au développement, mais en réalité c’était un projet qui cherchait à appliquer l’ouverture économique des régions paysannes. Dès lors, promouvoir les monocultures, telles que l’huile de palme avec l’appui inconditionnel du gouvernement colombien mènent à la privatisation des terres et par conséquent à la perte de la souveraineté alimentaire, aux déplacements forcés des communautés et donc à la guerre.

Le plan Colombie des USA et les laboratoires de paix de l’UE ne sont que deux faces de la même monnaie, Les TLC. Ces 2 projets ont bel et bien ouvert le chemin à l’application des traités basés sur la domination, l’expansionnisme et la soumission aux règles du marché et malheureusement nous constatons aujourd’hui qu’ils n’ont contribué ni à la paix ni à une stabilité économique et sociale des communautés comme cela avait été annoncé.

Pour contrecarrer ce système asymétrique et inégal les paysans s’organisent pour résister face à ce modèle de domination et d’exploitation qui les entraîne dans la misère et en réponse, ils subissent la criminalisation de la lutte paysanne de la part de l’état colombien, et les assassinats de ceux qui défendent leur souveraineté alimentaire… 6

2. Les droits humains en Monoculture de palme à l’huile

Les projets des monocultures et de l’extraction des minerais se présentent aux communautés comme la seule alternative d’emploi et de développement. Mais la réalité est tout autre car ce secteur est dans les mains de la grande industrie qui n’est pas accessible aux petits paysans et derrière elle il y a une dynamique commune d’implantation des monocultures. A savoir :

  • Déplacement de populations
  • Déforestations
  • Accaparement des terres
  • Manque de consultation populaires dans les régions où les monocultures vont s’installer
  • Assassinats des paysans qui s’opposent à quitter leur terre, des massacres des populations qui résistent, assassinats de toute personne défendant l’environnement et les droits humains

Les méga-projets des monocultures telle que l’huile de palme où qu’ils soient installés arrivent de paires avec la guerre comme une stratégie de déplacements au détriment des économies paysannes.

En Colombie, entre 2000 et 2005 plus de 250 000 personnes ont dû fuir de la région de Montes de Maria à cause de la terreur provoquée par les groupes paramilitaires, laissant derrière eux leurs terres. Entre 1999 et 2002 56 massacres ont été perpétrés, certains aussi atroces que celui d’El Salado où 70 personnes ont été assassinées. Le massacre de Mapiripan où 60 personnes ont été assassinés et après le massacre une entreprise appelée Poligrow a occupé les terres de la communauté pour l’exploitation de la culture de palme à l’huile. « Le sociologue Alfredo Molano décrit avec une phrase cette horreur, des peuples entiers ont été occupés par les paramilitaires et ils ont semé la loi du silence et de la peur »(7).

L’ex-président Alvaro Uribe Velez (président entre 2002-2010) fondateur du groupe paramilitaire Convivir avait promis de démobiliser les autodéfenses armées de la Colombie. Plusieurs familles sont retournées dans les régions pour récupérer leurs terres, mais malheureusement les familles ont dû faire face à la dure réalité. Leur terre était couverte des plantations de palme à l’huile et leurs cultures traditionnelles telle que le maïs, le riz, le manioc… avaient disparues. »

Les communautés disent que la palme a été une malédiction pour eux car elle a été cultivée pour avoir accès et contrôle du territoire, et qu’elle est tachée de sang »(8).

« Les paramilitaires ne sont pas seulement un groupe armé, c’est un projet politique, économique et social qui cherche le contrôle territorial qui est associé à l’élevage intensif et à l’agro-industrie »(9). Uribe a soutenu avec beaucoup d’intérêt ces monocultures de palme à l’huile mais pas seulement, l’ex-président Juan manuel Santos a aussi octroyé des généreuses aides au secteur palmier.

En Afrique, l’expansion de la monoculture de palme à l’huile est aussi accompagnée de la déforestation, de déplacements forcés des populations, de l’accaparement de terres et d’assassinats. De grandes entreprises transnationales du secteur de l’huile de palme telle que UNILEVER dans le bassin du Congo se sont accaparées d’immenses territoires, des hectares de terres qui devaient être restituées aux habitants suite aux nombreuses mobilisations des ceux-ci, et jusqu’à présent non seulement, elles n’ont pas été restituées mais en plus, elles ont été vendues à profit à une nouvelle série d’entreprises dont quelques-unes sont nationales et d’autres sont des multinationales.

Les entreprises FERONIA et UNILEVER n’ont jamais tenu leurs promesses de développement économique et social dans les régions où elles exploitaient les plantations de l’huile de palme. Bien au contraire, elles ont implanté une continuité de la colonisation et de l’esclavage de l’Afrique centrale et Occidentale du XIX siècle.

En Asie, Sulawesi est l’une des cibles principales d’un incroyable projet d’expansion des plantations de l’huile de palme en Indonésie. Plus de 82 millions d’hectares, c’est-à-dire un tiers de toute la surface arable d’Indonésie est dédiée à l’huile de palme. Comme il restait très peu de terre disponible sur l’île de Sumatra, les entreprises se sont tournées vers les îles de Kalimantan, Sulawesi et vers la Papouasie. Actuellement, ils poursuivent leurs expansions jusqu’aux Philippines et en Afrique l’ouest. Pour que cette expansion puisse avoir lieu, elle est accompagnée par l’accaparement de terres et les déplacements forcés.

Les villageois ont entamé des luttes pour récupérer leurs terres et de ceci un accord est né où l’entreprise PT HARDAYA s’engageait à restituer 4.900 hectares de terres pour compenser les pertes des villageois et établir un programme de sous-traitance dans lequel chaque famille pouvait planter deux hectares de palmiers à huile et acheter la récolte a un prix convenu. Cependant l’entreprise a nié après un mois avoir négocié et s’être engagée à honorer cet accord.

Il faut Briser le silence !

Dans les plantations de l’huile de palme les femmes sont très touchées par les violences économiques, sociales et sexuelles. Les femmes dans les plantations doivent prendre les tâches qui sont les moins rémunérées et se voient confrontées au harcèlement et aux violences de la part de directeurs et gardiens de plantations. Des femmes travailleuses dans les plantations à Petén et à Costa Sur, racontent comment les responsables des plantations leurs font du chantage en leur offrant du travail en échange de rapports sexuels : si elles n’acceptent pas de coucher avec eux, ils ne leurs donnent pas de travail.

Marien au Cameroun Raconte qu’avec les cultures industrielles de l’huile de palme il n’y a plus de terres pour l’agriculture locale, le prix monte dans le marché et à son avis c’est un modèle qui multiplie la faim, les frustrations et les abus de toutes sortes. Ces abus vont de la persécution à laquelle elles sont soumises lorsqu’elles produisent et vendent leur propre huile de palme jusqu’aux agressions physiques et sexuelles dans la propre plantation de la monoculture.

Catalina en Colombie dit que défendre la terre est une menace. A la différence du Cameroun, dans son pays, le fruit de palme ne se mange pas. Son Combat est pour que la terre serve à produire des aliments traditionnels et non pas à l’exportation de la palme. Elle témoigne sans révéler son identité car elle a peur des conséquences de la part des paramilitaires. Sa lutte signe son arrêt de mort.

Les enfants sont aussi victimes de ce modèle d’exploitation que sont les monocultures :se voyant obligés de travailler auprès de leurs parents pour les aider à accomplir le cotas demandés, afin de pouvoir être payés et que leurs parents évitent une sanction pour ne pas avoir répondu aux exigences des entreprises. Selon le rapport d’Amnistie Internationale un enfant de 10 ans a dû abandonner l’école pour aider son père qui travaille chez un fournisseur de l’entreprise WILMAR, Cet enfant aide son père depuis l’âge de 8ans. Le père de cet enfant explique toucher la prime sur les fruits ramassés par terre et c’est pour cela que ses enfants doivent l’aider.

3. Travailler dans la culture de l’huile de palme en Colombie

La Colombie a pour ambition de devenir l’un des premiers producteurs d’huile de palme au monde. La culture commerciale de la palme africaine y a débuté en 1945 avec l’implantation d’une plantation dans une zone bananière de la région de la Magdalena par l’United Fruit Company. Mais ce n’est que depuis quelques années, avec l’alléchant marché international des agro carburants, que la superficie des terres consacrées à la monoculture de la palme africaine s’est agrandie de façon exponentielle au détriment des communautés locales, de l’environnement et de la biodiversité, et au prix d’une forte dégradation des conditions de travail. Ce dernier point est l’objet central de l’article.

La Colombie partage, avec d’autres grands pays cultivateurs de palme, des caractéristiques communes. Une histoire marquée par des gouvernements autoritaires, sinon dictatoriaux, et d’immenses surfaces de terres forestières non protégées appartenant à des communautés indigènes incapables de défendre leurs droits. On peut citer aussi une main-d’œuvre bon marché et des droits du travail inexistants ou bafoués. Ces pays ont subi les politiques d’ajustement structurel imposées par le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale. Parmi les aspects de ces politiques d’ajustement structurel, il y a la mise en place de cultures d’exportation destinées à faire entrer les devises nécessaires au remboursement de la dette.

Le secteur de la production d’huile de palme en Colombie représente aujourd’hui quelque cent mille emplois directs et indirects. Sur ces cent mille travailleurs, seuls 1.778 sont affiliés à l’une des six organisations syndicales existantes. Tous parmi eux sont engagés dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée et travaillent sous le régime d’une convention collective. Un peu plus de 4.500 paysans sont “unis” au secteur via des “alliances de production”. Ils fournissent les moyennes et grandes entreprises en matière première, à savoir les fruits du palmier, de la pulpe desquels on tire l’huile qui est ensuite raffinée.

On estime, par ailleurs, à plus ou moins dix mille le nombre de personnes employées directement par les entreprises pour une durée déterminée. Ces travailleurs ne sont pas syndiqués. Enfin, il y aurait plus de 80.000 personnes engagées sous des régimes de contrat flexible, à travers les coopératives de travail associé et les entreprises prestataires de services.

Les travailleurs des entreprises prestataires de services sont les plus mal lotis. Elles se présentent comme des bourses de l’emploi et proposent de la main-d’œuvre aux grandes plantations. Comme la concurrence fait rage, cela se traduit pas une baisse significative des salaires et des conditions de travail, encore plus marquée que dans le secteur des coopératives. Trait commun avec le secteur de la canne à sucre, on assiste à une segmentation des travailleurs suivant le type de contrat qui les lie aux entreprises. Les 1.778 travailleurs syndiqués, disposant d’un contrat à durée indéterminée, reçoivent un salaire quotidien garanti de 20.000 pesos (sept euros) toute l’année et bénéficient d’autres avantages. Les travailleurs liés aux coopératives sont payés à la pièce : ils reçoivent une “compensation” en fonction du tonnage de fruits récoltés, maximum 600.000 pesos par mois en saison haute. S’ils ne peuvent travailler pour quelque raison que ce soit (maladie, météo défavorable, …), ils ne touchent rien. En basse saison, leur salaire est en chute libre, sans compter l’irrégularité de leurs horaires, dépendant des tâches qui leur sont assignées quotidiennement.

Quant aux 4.500 paysans qui fournissent la matière première, ils courent de nombreux risques. En effet, en leur cédant l’exclusivité des tâches de récolte des fruits, les entreprises se déresponsabilisent et n’assument plus aucun risque lié au climat, aux organismes nuisibles, etc.

Le travail est épuisant, tant dans le secteur de l’huile de palme que dans celui de la canne à sucre. Les récolteurs souffrent souvent de lésions chroniques du dos et sont constamment exposés à des produits agrochimiques susceptibles d’entraîner des maladies respiratoires. Quant aux ouvriers dans les raffineries, ils travaillent dans la chaleur étouffante, le bruit assourdissant et les fumées qui se dégagent lors des opérations de raffinage. Si ces industries respectent généralement les normes légales de santé et de sécurité, seuls les travailleurs bénéficiant d’un contrat direct en jouissent. Les autres travailleurs sont laissés dans l’insécurité totale. Dans les plantations de palme africaine, l’influence des syndicats est quasi imperceptible : nous l’avons vu plus haut, seuls 1,8% des travailleurs sont syndiqués. Le secteur est de fait marqué par une fort taux de sous-traitance, tant de l’emploi que de la matière première, ce qui joue un rôle majeur dans la faible syndicalisation.

De plus, les zones rurales n’offrant que peu d’opportunités d’emplois, les travailleurs, de crainte de perdre leur poste, préfèrent se contenter de leur situation plutôt que d’adresser des revendications à leur employeur. Enfin, de nombreuses plantations sont situées dans des zones de conflit, où des groupes paramilitaires s’arrogent le pouvoir et perçoivent les syndicats comme une menace. Ils essaient donc d’éliminer les représentants syndicaux.

En réalité, il semble que jusqu’à présent tous les accords qui ont été signés à l’issue des mobilisations n’améliorent guère les conditions de travail de façon globale, et n’ouvrent pas la voie à une véritable et pleine reconnaissance des droits des travailleurs. C’est la raison pour laquelle il est urgent de reprendre les discussions afin de créer un cadre par lequel les droits des travailleurs pourraient être protégés intégralement. Il faut pousser tant l’Etat que les chefs d’entreprise à assurer la sécurité des représentants des travailleurs pour qu’ils ne soient plus victimes de représailles et que leurs droits fondamentaux ne soient plus bafoués. Des politiques de responsabilité sociale sont à mettre en avant, responsabilité fondée sur l’octroi de garanties minimales, associées à un dialogue transparent, incluant tous les acteurs du secteur. La société civile a un rôle important à jouer dans ce cadre.

La palme africaine est une des matières premières utilisées pour la production d’agro carburants en Colombie. Dans ce secteur, les conditions de travail des paysans se sont détériorées ces dernières années. Pour rester compétitives sur le marché mondial, les entreprises colombiennes mettent la pression sur les coûts de production. Elles emploient une main-d’œuvre sous payée via des coopératives où les travailleurs sont considérés comme associés et non salariés… et où les syndicats sont honnis.

Qu’est-ce que cela change ? Pour les entreprises, cela revient moins cher. Et cette nouvelle forme de « contrat » a désarticulé les syndicats. Les coopératives, en faisant disparaître le salariat, les ont réduits à leur plus simple expression. La violence a fait le reste. Dans ces régions, beaucoup de dirigeants syndicaux ont été assassinés par les groupes paramilitaires, d’autres ont dû s’exiler. Résultats : plus personne ne défend les ouvriers agricoles, et les patrons imposent leurs conditions. Si les grandes coopératives continuent généralement à respecter certaines obligations comme la sécurité sociale, le salaire minimum ea, les plus petites ne respectent même pas la loi.

Lisez aussi « Colombie : le salariat en voie de disparition »

4. L’importance économique et les impacts environnementaux de la palme africaine

L’huile de palme a obtenu le titre d’huile végétale la plus consommée et la plus commercialisée, représentant 40 % de la consommation mondiale et 60 % du marché mondial des huiles végétales (WWF, 2020). L’importance de l’huile de palme réside non seulement dans sa versatilité, puisqu’elle se trouve dans d’innombrables produits, mais aussi dans sa forte productivité par hectare, la productivité moyenne d’un hectare d’huile de palme est de 3,8 tonnes, celle de l’huile de tournesol descend à 0,42 et celle du soja à 0,36 (Char de combat).

Les problèmes liés à la palme africaine ne concernent pas la plante elle-même, mais sont liés à la monoculture, au déboisement et aux conflits sociaux qui sont causés par le mode de production et de commercialisation de l’huile de palme.

La croissance démographique, le développement économique de grandes nations comme la Chine et l’Inde, ainsi que l’augmentation constante de la consommation en Amérique du Nord et en Europe font que la demande d’huile de palme ne cesse de croître. La consommation mondiale devrait passer de 76 millions de tonnes en 2019 à 266 à 447 millions de tonnes en 2050 (USDA, 2019).

Les plus grands producteurs d’huile de palme sont l’Indonésie et la Malaisie, avec près de 90 % de la production mondiale. La Thaïlande et le Nigéria se classent respectivement au troisième et au cinquième rang mondial, tandis que la Colombie est classée au quatrième rang mondial et en Amérique latine en ce qui concerne la production d’huile de palme, suivie par le Guatemala, l’Equateur, le Honduras et le Brésil.

La Malaisie et l’Indonésie sont les plus grands exportateurs d’huile de palme, tandis que les principaux importateurs sont l’Inde, la Chine, le Pakistan, les Pays-Bas et l’Espagne. L’ensemble du continent européen représente près de 25% des importations mondiales d’huile de palme.

En Europe, 65 % de l’huile de palme importée ont été utilisés comme source d’énergie en 2019. 53 % d’entre eux ont été utilisés comme biodiesel pour les transports et 12 % ont été utilisés pour produire de l’électricité. En 2018, l’utilisation de l’huile de palme comme biodiesel a augmenté de 3%, atteignant un record historique en 2019, alors que la consommation d’huile de palme dans les aliments pour animaux et pour l’homme a diminué de 11% (Transport and environment, 2019).

La demande d’agrocarburants est en grande partie imputable aux pays d’Amérique du Nord et d’Europe. Dans l’Union européenne, de 2003 à 2012, une série de directives ont été adoptées, qui fixaient l’utilisation de ces agrocarburants dans le secteur des transports à un minimum de 10 %.

En 2015, la pression écologique a fait passer l’idée à un maximum de 7% en donnant la priorité à d’autres types de carburants, mais le pourcentage reste, selon les activistes, trop élevé. Cependant, l’UE a récemment considéré le biodiesel à partir de l’huile de palme comme non durable, en ne faisant aucune subvention ou aide de l’UE sur ce marché, que depuis 2008, l’augmentation de son utilisation a contribué au déboisement, à la destruction des écosystèmes et à l’augmentation des émissions de gaz polluants. Toutefois, la mesure prévoit certaines dérogations pour apaiser les pays producteurs, comme la possibilité de compter sur l’objectif vert, l’ huile de palme provenant de petites exploitations de 2 à 5 hectares. L’UE espère que l’huile de palme sera progressivement éliminée en tant que biocarburant d’ici 2030 (Euractive, 2019).

Incidences sur l’environnement

  • Conversion à grande échelle de la forêt tropicale en monoculture de palme africaine: Cette activité représente un risque pour les forêts tropicales autour de la planète. Dans des pays comme l’Indonésie et la Malaisie qui produisent près de 90 % dans le monde, il existe un lien direct entre l’expansion de nouvelles plantations et le déboisement. Surtout en Indonésie, d’énormes surfaces de forêt tropicale sont abattues pour permettre la culture de la palme à huile. D’après les estimations du gouvernement indonésien entre 1990 et 2015, environ 24 millions d’hectares de forêt tropicale ont été déboisés pour la plupart par des compagnies d’huile et de papier, soit l’équivalent d’une superficie de la taille du Royaume-Uni (Greenpeace, 2019).
  • Dégradation de forêt de tourbe: la destruction de ce type d’écosystème est d’autant plus grave qu’il stocke cinquante fois plus de carbone que les autres forêts tropicales et qu’il continue de s’étendre en un temps record (WWF, 2020).
  • Perte de biodiversité L’expansion continue et effrénée de la monoculture de la palme africaine a entraîné la perte d’habitats naturels et l’une des principales causes de la perte de biodiversité, mettant en péril des espèces endémiques comme les orang-outans, les éléphants et les tigres de Sumatra (WWF, 2020).
  • Pollution atmosphérique: Le brûlage de forêts tropicales et de plantations de palmiers à huile provoque de la fumée et du dioxyde de carbone qui pollue l’air et contribue au réchauffement climatique, causant également des problèmes de santé dans les villes proches des terres brûlées (WWF 2020).
  • Pollution de l’eau et du sol: La production d’huile de palme dans une usine de broyage génère 2,5 tonnes d’eaux résiduaires par tonne d’huile de palme produite. Ce déchet se déverse directement dans les affluents d’eau fraîche, créant ainsi un problème de contamination des eaux douces affectant les populations et la biodiversité qui en découle. Les plantations de palme en Afrique ont besoin de moins de pesticides et d’engrais que d’autres plantations d’huile végétale, mais l’utilisation aveugle de substances chimiques peut polluer la surface du sol et les eaux souterraines (WWF, 2020).
  • Érosion du sol: l’érosion se produit lorsque la forêt tropicale a été remplacée par des plantations dans des zones peu adaptées à la culture. Les zones érodées exigent une utilisation accrue d’engrais et d’autres substances chimiques qui affectent l’environnement (WWF, 2020).
  • Changement climatique : La conversion de la forêt tropicale et de la forêt à tourbe nuit à la capacité des écosystèmes d’absorber et de stocker le dioxyde de carbone. En outre, la combustion de ces forêts émet une quantité énorme de dioxyde de carbone dans l’atmosphère (WWF, 2020). L’Indonésie est actuellement le troisième plus grand émetteur de CO2 en raison des brûlures constantes de forêt pour la conversion en monoculture africaine. La combustion de forêts pour la production d’agrocarburants génère près de trois fois plus d’émissions que l’utilisation de diesel conventionnel (Transport and Environment, 2018).
  • Conflits sociaux : L’expansion de la monoculture a été généralement fondée sur l’exploitation du travail, la violation des droits des communautés autochtones et locales, la discrimination à l’égard des petits producteurs, les déplacements forcés, les abus contre les communautés, la criminalisation et la violence, la perte de territoires qui seraient utilisés pour la production alimentaire et la fourniture de services locaux.

5. L’huile de palme nuit la santé

Dès nos jours les monocultures sont l’alternative la plus viable qui a trouvé le croissant secteur industrie. Cependant, cette pratique détruit les écosystèmes qui les entourent car ils emploient grandes extensions de terre et ils doivent éliminer tout sorte d’écosystème et d’habitats pour permettre ainsi une seule espèce de culture. La monoculture entraine la disparition d’autres espèces, et de la biodiversité. Les espèces affectées par la monoculture, peuvent devenir un véritable fléau pour l’environnement et d’autres plantations. Au même temps le processus de culture et cueillette ne permettent pas que le sol récupère les nutriments pour permettre plus de cultures, et la conséquence est l’érosion et une perte croissante de la fertilité de la terre ainsi que la déforestation intensive et l’appauvrissement de la terre.

La pollution du milieu naturel et des biens environnementaux comme l’eau, la déforestation intensive et l’appauvrissement de la terre contribuent au dérèglement climatique et ont aussi un effet direct sur la santé humaine, la biodiversité, la flore et la faune.

Les feux de forêts, provoqués par l’extension des cultures de palmiers à huile à large échelle, ont déjà exposé plus de 69 millions de personnes à une pollution de l’air, nocive pour la santé et sont responsables de milliers de décès prématurés. Les plantations de palmier à huile sont en train de ravager les dernières forêts tropicales primaires de la planète et la précieuse biodiversité qu’elles abritent.

Les projections prévoient que la consommation d’huile de palme devrait doubler (voire tripler) d’ici à 2050, si les tendances de consommation devaient persister. L’extension des cultures de palmiers à huile risque de provoquer de nouveaux dégâts environnementaux et des conflits sociaux avec les populations locales dans les pays du Sud.

La santé humaine

Chez les habitants de pays producteurs : Ils existent des communautés qui n’ont plus d’eau potable car les fleuves ont été déviés vers les monocultures qui ont besoin d’une irrigation permanente.

Des produits agrochimiques sont utilisés pour arroser les monocultures, ce qui entraîne comme conséquence la pollution des eaux. Malgré cela, les populations consomment cette eau pour se laver, cuisiner et boire.

Bien que l’huile de Palme soit incorporée dans au moins la moitié de produits d’un supermarché, nous ne sommes pas souvent conscients de ceci. L’huile de Palme est l’huile préférée des industriels de l’alimentation et elle est utilisée aussi dans l’industrie pharmaceutique.

La surconsommation d’huile de palme est nocive pour la santé des consommateurs, compte tenu de sa forte concentration en acides gras saturés (plus de 40%) et en comparaison à d’autres huiles végétales (olive, noix, tournesol, colza) non hydrogénées. Son omniprésence dans la grande majorité des plats transformés et préparés pose dès lors des défis de santé publique.

L’huile de palme se cache dans beaucoup de produits de consommation journalière, quelque fois, de manière imperceptible car elle est présentée comme de l’huile végétale, ou alcool acétique ou acide Palmitique.

Selon l’EFSA, l’huile de palme est placée sur la liste des produits chimiques cancérigènes reconnus par la Californie. Un dérivé de ce composant (esters de 3-MCPD) est formé notamment lors du raffinage ou la cuisson de l’huile de palme avec du sel. Après le raffinage, on retrouve 2000 µg de cette substance par kg d’oléine de palme. Cela a un effet cancérigène.

Une consommation élevée de LDL-cholestérol (mauvais cholestérol) peut causer l’obturation des vaisseaux sanguins et ainsi augmenter les risques de maladies cardiovasculaires. Effectivement, la part des acides gras saturés est relativement élevée dans l’huile de palme puisqu’elle se situe aux alentours de 45-55 %, contre une moyenne de 15 % dans les autres huiles (2-8 % dans l’huile de colza, 9-26 % dans l’huile d’olive, etc.
Une exposition aux graisses partiellement hydrogénées (graisses- Trans) ou à des graisses de substitution (huile de palme ou graisse inter estérifiées) au cours des périodes critiques de la gestation et la lactation entraîne des changements dans le développement et le métabolisme du tissu adipeux des enfants à l’âge adulte. Ceci conduit à une augmentation des dépôts de graisse viscérale, ce qui amène à développer des maladies métaboliques.

La revue Nature a publié les résultats d’une étude qui a montré que l’acide palmitique (un composé essentiel de l’huile de palme) stimule les métastases (propagation du cancer) par les antigènes CD36 – une protéine spécifique dans les cellules cancéreuses qui est responsable d’éliminer les acides gras.

On peut conclure que l’huile de palme n’est pas un produit durable car cette monoculture, épuise les ressources naturelles tels que l’eau, la flore et la faune et cause des graves dégâts tant à l’environnement et pourtant à la santé de la nature et des populations vivant près des plantations qu’aux gens qui la consomment.

Les grandes extensions de monocultures affectent la diversité agricole et pourtant la souveraineté alimentaire, sans Souveraineté alimentaire les populations sont plus exposées à des problèmes de santé. Sans la souveraineté alimentaire un État ne peut pas subvenir aux besoins alimentaires de gens.
Un peuple, un pays sans souveraineté alimentaire est un pays soumis aux desseins des pays producteurs, pourtant soumis à la perte de sa souveraineté Nationale.

6. Conclusion

Là où les monocultures existent, la violence fait son chemin. Les peuples et les communautés conscientes et organisées sont les seuls acteurs fiables pour que la dignité humaine s’impose au profit. La solidarité entre les peuples soumis à ce modèle de violence et exploitation est un élément à ne jamais négliger. Cette solidarité on a déjà pu la voir dans les luttes des paysans camerounais contre les plantations de palmier à l’huile et les luttes de producteurs des noix de coco en inde contre l’importation de l’huile de palme. Cette solidarité se retrouve aussi chez les paysannes de la vallée de l’Aguán au Honduras qui se battent contre les grands propriétaires terriens pour empêcher l’accaparement brutal des petites exploitations et les coopératives de l’huile de palme qui desservent les marchés locaux.

Sources:
(1) Willagri 28 février 2019
(2) https://www.cncd.be/huile-palme
(3) https://www.7sur7.be/manger/l-huile-de-palme-consommee-en-belgique-loin-d-etre-100-durable~a6c941d0/
(4) Planète huile de palme : Les paysans paient le prix fort pour l’huile végétale bon marché. Grain, septembre 2014
(5) Los monocultivos que conquistaron el mundo Nazaret castro, Aurora moreno y Laura Villadiego. PG 161
(6) https://www.youtube.com/watch?v=TkQ8U2kHAbI&feature=youtu.be9.70 Documentaire de Victoria Solano sur la destruction des semences naturelles de riz.
(7)Los monocultivos que conquistaron el mundo Nazaret castro, Aurora moreno y Laura Villadiego. PG151
(8)Los monocultivos que conquistaron el mundo Nazaret castro, Aurora moreno y Laura Villadiego. PG152
(9)Los monocultivos que conquistaron el mundo Nazaret castro, Aurora moreno y Laura Villadiego. PG155

Ce dossier a été developé par Heidy Andrea Pérez, Ligia Uribe, Daniel Alejo et Marina Granados.

 

Dossier de campagne : Huile de palme fait tache
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