Les 24 et 25 juin se tiendra le prochain sommet de l’OTAN à La Haye. Les dirigeants politiques s’y retrouveront dans un contexte géopolitique profondément transformé, alors que le principal acteur de l’OTAN, les États-Unis, redéfinit les notions d’ »ennemi » et d’ »allié » en fonction de sa propre stratégie.
L’ancien Premier ministre des Pays-Bas et actuel chef de l’OTAN, Mark Rutte, déroule déjà le tapis rouge : « La Haye est ma ville natale », déclare-t-il à Donald Trump lors d’un entretien à la Maison-Blanche. « J’aimerais vous y accueillir cet été et faire en sorte que ce soit un grand moment, un vrai succès, projetant la puissance américaine sur la scène mondiale. »
Est-ce vraiment cela, le rôle de l’OTAN ? Quel est le véritable objectif de l’OTAN, et comment a-t-il évolué ?
L’OTAN n’a jamais été uniquement une alliance défensive. Cette alliance militaire occidentale a été fondée en 1949, à une époque où le monde était divisé entre deux superpuissances. D’un côté, les États-Unis, avec leur économie florissante et leur arsenal nucléaire. De l’autre, l’Union soviétique, dotée de la plus grande armée au monde. Les États-Unis ont rapidement pris les devants pour façonner un nouvel ordre mondial au service de leurs intérêts économiques. L’OTAN était un instrument central dans ce projet.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, l’OTAN n’a pas été fondée comme une « alliance défensive », ni pour défendre la démocratie ou la paix. Le dictateur portugais Salazar y a été accueilli à bras ouverts. Le but de l’OTAN était de contenir le communisme et de bloquer l’émergence de modèles économiques alternatifs. L’OTAN a également soutenu les empires coloniaux européens, notamment en Afrique.
Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée, l’OTAN aurait pu être dissoute – mais cela n’a pas été le cas. L’organisation est passée d’une logique anticommuniste à celle de protection de la domination mondiale des États-Unis. Les stocks d’armes belges et les infrastructures de télécommunications ont joué un rôle clé dans le soutien aux guerres et opérations militaires américaines, notamment en Serbie (1999), Afghanistan (2001–2021), Libye (2011), Irak et Syrie (2014) – avec des conséquences dévastatrices.