Depuis le 2 septembre, le gouvernement Trump a mené au moins quinze attaques illégales contre des navires civils, près des côtes vénézuéliennes, faisant selon les derniers chiffres au moins soixante et une victimes. Ces attaques, souvent filmées et triomphalement diffusées sur les réseaux sociaux, ont été qualifiées d’« exécutions extrajudiciaires » par des expert·e·s de l’ONU.
Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette escalade militaire illégale et meurtrière des États-Unis dans la région des caraïbes, sous couvert d’une prétendue « guerre contre la drogue », un prétexte cynique destiné à justifier une attaque contre le Venezuela et à imposer une vision néocoloniale à la région.
Il est grand temps que l’Europe et la Belgique rompent leur silence complice et adoptent une position claire, conforme au droit international.
Ces attaques armées illégales menacent de déstabiliser la région. Le gouvernement Trump utilise cette « guerre contre la drogue » pour renforcer considérablement sa présence militaire dans la Caraïbe, avec une impressionnante flotte navale et aérienne : huit navires de guerre, dix avions de chasse furtifs F-35 et le déploiement occasionnel de lourds bombardiers B-52.
Cette démonstration de force atteint un nouveau sommet avec l’annonce du déploiement du plus grand porte-avions du monde, l’USS Gerald R. Ford, dans les eaux caribéennes. Parallèlement, le gouvernement Trump a chargé le Pentagone d’élaborer des plans pour un usage intensifié de la force militaire contre les cartels de la drogue en Amérique latine.
La « guerre contre la drogue » : un faux prétexte
Le président Trump justifie l’usage de la force militaire comme une « autodéfense contre les narcoterroristes vénézuéliens ». C’est un mensonge flagrant qui rappelle la fable des prétendues « armes de destruction massive » irakiennes. Il s’agit d’un prétexte fallacieux pour déclencher une guerre dévastatrice visant à s’emparer du contrôle du pétrole dans une région qui subit encore aujourd’hui les conséquences déstabilisatrices de cette politique.
Le Rapport mondial sur les drogues 2025 des Nations Unies est clair : le Venezuela n’est pas un narco-État. Même la Drug Enforcement Administration (DEA) étasunienne confirme qu’aucune drogue n’est produite ni transformée au Venezuela. La grande majorité du trafic de drogue vers les États-Unis passe par l’océan Pacifique, en provenance de Colombie, d’Équateur et de Bolivie.
Prétendre que le Venezuela inonde les États-Unis de cocaïne est une grossière manipulation destinée à entretenir l’illusion d’un danger imminent.
Une violation flagrante du droit international
Ces attaques unilatérales contre des navires, dont la plupart ont eu lieu dans les eaux internationales, constituent une violation flagrante du droit international. De simples pêcheurs colombiens ont été tués sans procès, sans preuve, sans aucune procédure judiciaire, uniquement parce qu’ils se trouvaient à bord de bateaux que les États-Unis avaient arbitrairement qualifiés de « narcos ».
L’ONU elle-même a rappelé que le droit maritime « n’autorise en aucune circonstance des attaques non provoquées contre des navires ». Human Rights Watch et d’autres organisations de droits humains qualifient à juste titre ces actes d’« exécutions extrajudiciaires illégales ».
Le trafic de drogue est un crime, non un acte de guerre justifiant la peine de mort sans procès. Washington, qui n’est pas en guerre avec le Venezuela, ne dispose d’aucune base légale pour ces actions meurtrières.
La région en flammes
Le conflit ne se limite pas au Venezuela. Le gouvernement Trump étend désormais ses attaques verbales et politiques à la Colombie. Cette confrontation illustre le choc entre deux visions du monde: celle d’une Amérique latine souveraine et celle d’un continent soumis à Trump et aux intérêts impérialistes des États-Unis. Le président colombien a qualifié les attaques unilatérales contre des navires civils au large du Venezuela de « meurtres » et les a vivement condamnées comme « un acte de tyrannie ». La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a également dénoncé ces « exécutions extrajudiciaires ».
En marge du sommet de l’ASEAN en Malaisie, le président brésilien Lula s’est proposé comme médiateur entre les États-Unis et le Venezuela, afin d’éviter le pire et de rétablir l’ordre juridique international.
Appel à la mobilisation de la société civile belge et européenne
L’Amérique latine et la Caraïbe ne doivent pas replonger dans les sombres époques des interventions militaires et des coups d’État orchestrés depuis Washington. La militarisation de la région caraïbe nous concerne tous. Elle accroît les tensions régionales et le risque d’escalade, menaçant notre lutte commune pour le désarmement, la coopération internationale et la solidarité avec le Sud. Nous rejetons la logique de la violence, du pouvoir et de la domination. Nous soutenons le droit des peuples de la région à la paix, à la justice et à la souveraineté.
Nous exigeons de la Belgique et de l’Union européenne qu’elles :
- condamnent sans équivoque et avec force l’usage de la force létale contre des navires suspects dans les eaux internationales, sans procédure judiciaire d’aucune sorte ;
- s’opposent à ces violations du droit international commises par le gouvernement Trump. La Charte des Nations Unies interdit l’usage de la force ou la menace de l’utiliser contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un État ;
- soutiennent les principes de dialogue, de désescalade et de respect mutuel entre les États.
Nous appelons les organisations belges pour la paix, les ONG de solidarité internationale, les syndicats, les associations de défense des droits humains, les mouvements de jeunesse,… à soutenir les appels à la désescalade, au respect du droit international, à la souveraineté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
